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Type de textesource
TitreBrutus
AuteursCicéron (Marcus Tullius Cicero)
Date de rédaction-46
Date de publication originale
Titre traduitBrutus
Auteurs de la traductionMartha, Julius
Date de traduction1923
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

(70)

Quis enim eorum qui haec minora animaduertunt non intellegit Canachi signa rigidiora esse quam ut imitentur ueritatem, Calamidis dura illa quidem, sed tamen molliora quam Canachi ; nondum Myronis satis ad ueritatem adducta, iam tamen quae non dubites pulchra dicere ; pulchriora Polycliti et iam plane perfecta, ut mihi quidem uideri solent ? Similis in pictura ratio est ; in qua Zeuxim et Polygnotum et Timanthem et eorum qui non sunt usi plus quam quattuor coloribus formas et liniamenta laudamus ; at in Aetione Nicomacho Protogene Apelle iam perfecta sunt omnia.

Dans :Apelle et la tétrachromie(Lien)

(8-9), p. 4

8 Sed ego sic statuo, nihil esse in ullo genere tam pulchrum, quo non pulchrius id sit unde illud ut ex ore aliquo quasi imago exprimatur; quod neque oculis neque auribus neque ullo sensu percipi potest, cogitatione tantum et mente complectimur. Itaque et Phidiae simulacris, quibus nihil in illo genere perfectius uidemus, et eis picturis quas nominaui cogitare tamen possumus pulchriora ; 9 nec uero ille artifex cum faceret Iouis formam aut Mineruae, contemplabatur aliquem e quo similitudinem duceret, sed ipsius in mente insidebat species pulchritudinis eximia quaedam, quam intuens in eaque defixus ad illius similitudinem artem et manum dirigebat.

Vt igitur in formis et figuris est aliquid perfectum et excellens, cuius ad cogitatam speciem imitando referuntur eaque sub oculos ipsa non cadunt, sic perfectae eloquentiae speciem animo uidemus, effigiem auribus quaerimus.

Dans :Phidias, Zeus et Athéna(Lien)

J\'affirme que la beauté en tous genres, à quel que degré qu\'elle nous frappe, n\'est que la reproduction, et comme la copie imparfaite d\'une beauté d\'ordre supérieur, qui échappe à la vue, à l\'ouïe, à tous les sens, et ne peut être saisie que par l\'intelligenee et la pensée. Devant les statues de Phidias, qui effacent tout ce que nous connaissons en sculpture; devant les chefs-d\'aeuvre du pinceau que j\'ai cités, l\'imagination s\'élance encore au delà. Sans doute ce grand artiste, quand il travaillait à son Jupiter ou à sa Minerve, n\'avait pas la nature vivante sous les yeux pour en tirer leur image. Mais il portait empreint dans sa pensée le caractère d\'une beauté surnaturelle; et, tout entier à cet objet d\'une contemplation intime, c\'est à en reproduire les traits qu\'il appliquait son art et son ciseau.

Actions, paroles, physionomie, geste, démarche, la convenance s’étend à tout; et l’inconvenance aussi : l’inconvenance est le plus grand écueil du poète, a qui l’on ne pardonnerait pas de faire parler le méchant en homme de bien, ou de mettre dans la bouche d’un insensé le discours d’un sage. Voyez le peintre du sacrifice d’Iphigénie. Après avoir montré par une admirable gradation la tristesse chez Calchas, la douleur chez Ulysse, et chez Ménélas, le dernier abattement, il comprit qu’il fallait jeter un voile sur la tête d’Agamemnon ; convenance indiquée par l’impossibilité d’exprimer à l’aide du pinceau les angoisses du cœur paternel. Voyez le comédien lui-même étudier les convenances pour s’y asservir. Que ne doit donc pas faire l’orateur, qui en apprécie toute l\'importance ?